Il est souvent l'objet d'un dialogue entre le scénariste et le dessinateur, qui rend visible le découpage grâce au story-board.
Le découpage impose un rythme et une articulation entre les séquences, c'est l'équivalent du montage au cinéma.
Exemples de découpage:
le découpage par Pierre Christin (scénariste de Valérian).
Découpage de Jean Van Hamme (scénariste de Largo Winch, XIII, Thorgal):
Découpage d' Arleston (scénariste de Lanfeust de Troy, Trolls de Troy, éditions Soleil) :
Les documents ci-dessus sont empruntés au site canalblog.com, sur le lien suivant:
A lire aussi le point de vue de Hermann sur le découpage, sur le lien suivant:
- Le story-board est la traduction graphique du découpage établi par le scénariste.
- C'est une étape essentielle du processus de création de la BD car il permet de percevoir tous les aspects de la mise en scène: cadrage, composition de la planche, lignes de force, etc.
Quelques exemples de story-boards réalisés directement à l'ordinateur par Viktor Kalvachev, dessinateur de Phérone, éditions Imagecomics :
Ci-dessous, une petite vidéo de Walder qui montre sa méthode de travail :
Un exemple détaillé d'exercice de découpage nous est donné par le précieux site l'iconograf "Atelier BD" (http://www.atelierbd.com),
lien : http://www.atelierbd.com/des-sujets-a-decouvrir/1617-le-touriste-a-rhodes.html
dont voici un extrait ci-dessous :
Le touriste à Rhodes:L'exercice consiste à réaliser une courte séquence de 7 images dont voici la description case par case :
- Il est 16 heures en plein mois d'août. La ville est plombée par la chaleur méditerranéenne, elle est déserte.
- Déserte ? pas tout à fait. Seul, en plein soleil, un touriste inconscient arpente les rues.
- Un petit bruit ou quelques paroles attire son attention (rires, onomatopées, musique ou paroles au choix suivant l'image finale).
- Appareil photo en main, il s'approche très doucement et très précautionneusement de l'endroit d'où provient le "bruit" (par exemple du portail à droite sur le document).
- Sourire amusé, il se met en position pour prendre une photo.
- Un cri (bruit ou autre) monstrueux lui perce les tympans.
- Libre (trouver une chute humoristique, fantastique, poétique, etc...)
Croquis intéressants à réaliser : (attitudes générales, gestes, expressions du visage, détails vestimentaires, interprétation du document photographique).
Intérêts de la séquence :
- Le
découpage de l'action étant imposé et les angles de vue étant limités
par les lieux, l'exercice se focalise sur le choix des plans: (plan
d'ensemble, général, moyen, gros plan) et donc sur la compréhension du "
zoom " avant/arrière
(pour mieux apprécier la "valeur" des plans, on peut faire en sorte que les images soient à peu près de même dimension) - Les problèmes de choix de la représentation d'un bruit (bulles, typos, textes off, etc...)
- Comment interpréter un document photographique (c'est à dire, choisir les détails à conserver, types de simplification, ambiance, cadrage du décor, couleurs, etc...)
Intérêt pour les illustrateurs non séquentiels :
Le choix du plan est présent dans tout type d'illustration jusqu'au livre pour enfants, c'est donc un exercice de base pour la compréhension des plans dans l'image narrative en général.Intérêt pour les illustrateurs de dessins didactiques :
Manuels d'utilisation comportant plusieurs phases et des changements d'échelle (usine, machines, etc…)Réalisation de l'étudiant
La réponse du correcteur de l'iconograf
De Joseph BÉHÉ, l'iconograf À Pierre DURANDBonjour Pierre,
Nous avons bien reçu ton image. Tu nous demande un corrigé alors que ton image n'est pas réalisée définitivement. Pas de problèmes, surtout que ceci est un sujet de découpage et donc nos remarques vont te permettre d'améliorer ta mise en scène pour réaliser l'image finale.
Première remarque : Tu as bien compris le principe général du sujet ; ton décor traduit bien l'atmosphère du document photographique et ton personnage est bien un " touriste ", il est clairement identifiable et lisible. Malgré les problèmes de plans que nous détaillerons plus loin, nous avons compris ton sketch : En tant que lecteur, on pense que le touriste surprend une scène " amoureuse " alors qu'en définitive, il surprend une dame en train de nourrir un lion !
Alors qu'est ce qui ne va pas ?
1. À quoi servent les voitures ? Est-ce bien là une ville " déserte " ? Ce n'est pas parce qu'elles sont sur le document qu'il faut obligatoirement les dessiner !
2. Quand le lecteur passe à la deuxième image, il regarde dans le sens opposé à la première image, (tu as fait ce qu'on appelle un Champ/Contre champ) ! Alors,
· Soit tu as une raison de le faire mais, dans ce cas, ce mouvement de " caméra " n'est pas assez lisible,
· Soit il n'y a pas de raison et ce mouvement de " caméra " est inutile.
C'est d'ailleurs ce que nous pensons : Le portail à droite se retrouve soudain à gauche, et à notre avis, ça déroute inutilement la lecture. Pourquoi ne pas reprendre un bout du décor de la case 1, ça renforcerait l'idée que, dans cette ville, rien ne trouble la quiétude de l'après midi, si ce n'est ce " touriste " qui apparaîtra dans le même décor !
3. Attention à la coïncidence malheureuse de la tête du touriste et du panneau rond attaché au mur !
1. Il est supposé " entendre " un petit bruit , là, désolé, mais il " voit " quelque chose ! et le " petit " bruit est quasiment un cri !
2. et après, tu changes encore de plan ! On a plutôt l'impression qu'il se retourne subitement !
3. Là, tu cadres en plan américain, on ne voit pas ses pieds alors que le scénario nous dit qu'il " avance précautionneusement "
1. Est-ce le plan le plus judicieux ? La caméra a
encore changé de place et nous ne pouvons pas voir son " sourire " dont
parle pourtant le scénario.
2. Le cri… Objectivement, il occupe la même surface que la tête du personnage auquel il est censé faire peur ! Le cri et la tête sont juste de force égale, ils s'annulent !
La chute à présent : D'abord on ne sait pas bien où on est, ça manque de
repères, on voir clairement les cotés de la porte cochère. Est-ce bien
ce qu'à vu le photographe ? Comment en être sûr ? 2. Le cri… Objectivement, il occupe la même surface que la tête du personnage auquel il est censé faire peur ! Le cri et la tête sont juste de force égale, ils s'annulent !
2. Que fait la femme, c'est ce n'est pas lisible du premier coup, or ici, c'est la chute de l'histoire, elle doit donc être lue en quelques secondes, voir moins ! Le morceau de viande pourrait comporter un os, par exemple.
Le lion n'est pas très menaçant.
Comment a-t-il pu rugir auparavant ?
3. Nous voyons un effet qui pourrait renforcer la chute, pourquoi ne pas faire ton histoire en deux pages ? ; les six premières images sur la première page avec un suspense à son comble en bas de page, et la chute en grand, sur la page suivante. Une grande image permettra de bien comprendre le lieu et elle signifiera à coup sûr rien que par la mise en page, que l'histoire se fini là.
Ce n'est pas parce que nous avons proposé 7 cases qu'il faut les faire en une page ! Il ne faut pas hésiter à changer des choses si l'on a une raison de narration pour le faire.
Bonne chance à toi pour la réalisation finale.
A bientôt !
Joseph Béhé et toute l'équipe de l'Atelier BD.