mercredi 29 février 2012

La forme des cases


La forme des cases permet de modifier le déroulement du temps.
Une case étirée marque une pause dans le récit. 
Dans l'exemple ci-dessous, l'étirement des cases en longueur créent une durée qui insiste sur l'effort et la douleur du garçon. Le "zoom" progressif sur le visage insiste sur la peine et la colère.
 François Boucq, Bouncer, tome 1, Les humanoïdes associés.

Dans l'exemple suivant, le découpage de la planche joue sur un contraste temporel:
d'une part, le grand plan d'ensemble étiré en hauteur marque une pause. Il s'agit de suggérer l'attente, le suspense.
D'autre part, les quatre cases en bas à droite, petites et rapprochées, suggèrent une accélération de l'action, un événement brutal. 




































La forme des cases peut aussi suggérer un mouvement: ci-dessous, les cases obliques évoquent un glissement, une chute, qui renforce la rapidité et la violence de l'action :



































Alex Ross, Kingdom come, éditions Semic. 

Dans l'exemple ci-dessous, l'étirement des cases en hauteur suggère un étirement du temps: la chute de la femme semble durer longtemps, cela permet d'insister sur lémotion du personnage qui essaye de la rattraper. 

Mathieu Lauffray, Prophet, éditions Les humanoïdes associés.

La forme des cases peut aussi avoir une valeur expressive, lorsque ses lignes de contour sont modifiées.
Ci-dessous, les contours des cases deviennent de plus en plus discontinus, jusqu'à ressembler à des griffures nerveuses ou des déchirures. Cela permet de suggérer la souffrance et la brûlure du personnage.
 Dave Mc Kean, l'asile d'Arkham, éditions reporter

Dans l'exemple suivant, les contours éclatés de la grande case centrale évoquent la brisure de la verrière, et son axe oblique renforce le dynamisme de la chute du personnage.
Olivier Ledroit, Xocco, éditions Vents d'Ouest.